Les murailles de Jéricho

L'aube 25/4/1947

 

Maintenant qu'elle est finie, on pourrait soutenir sans paradoxe que la Conférence de Moscou n'a pas eu lieu. Elle ne fut qu'un prélude, un premier tour d'horizon, une confrontation de points de vues toujours adverses.

Certes, la tâche d'établir un traité allemand est ardue. Non pas tant qu'il soit difficile de définir techniquement le statut futur de l'Allemagne. Mais ce statut soulève un problème politique presque insoluble. L'Allemagne est comme un énorme Trieste.

Pourquoi la question de Trieste fut-elle si difficile à trancher, au point qu'on lui a donné une solution qui n'en est pas une ? Trieste était à la rencontre des influences soviétiques et anglo-saxonnes. Or l'Allemagne toute entière est la rencontre de ces influences. Pour les traités avec les satellites, les Alliés ont pratiquement stratifié la carte de guerre au jour où les opérations ont cessé. Peuvent-ils, pour l'Allemagne, recourir à pareil expédient ?

Malgré eux, ils s'y acheminent. Sans doute sera-ce le principal effet de la Conférence de Moscou si d'autres sessions n'en corrigent le résultat. On était parti pour un accord à Quatre. Les choses ont évolué de telles sortes qu'elle convergent vers la coupure en deux  de l'Allemagne ; et toujours selon la carte de guerre au jour de la capitulation.